Xavier Hufkens présente une exposition solo de Sterling Ruby
Xavier Hufkens est heureux d’annoncer que le troisième espace de la galerie ouvrira ses portes, le 18 juin, avec une exposition solo de l’artiste américain Sterling Ruby.
Ruby inaugurera cet espace avec une nouvelle série d’assemblages, dont l’origine remonte aux tableaux WIDW, exposés pour la première fois à la galerie en 2018. Dans la ligne de sa fascination toujours plus intense pour l’équation formelle de la fenêtre, l’artiste présentera un puissant ensemble de constructions tridimensionnelles, où convergent techniques picturales et sculpturales.
Dans son atelier, Ruby ne jette jamais rien, de sorte qu’il bénéficie d’archives matérielles de plus en plus vastes et complexes. Ces archives, qui sont au coeur de sa pratique, lui servent de source, tant au propre (éléments disponibles) qu’au figuré (inspiration).
Pour cette nouvelle série d’assemblages, l’artiste se focalise sur le bois, en particulier les fragments, caisses d’emballage cassées, palettes endommagées et cadres brisés qui se sont entassés dans son atelier au fil du temps. Ruby utilise aussi des morceaux de bois provenant de la grange de sa mère, démontée après la mort de celle-ci, en 2014, et expédiée par bateau de New Freedom, en Pennsylvanie, à Los Angeles. La plupart de ces éléments portent les traces d’une vie antérieure: bords sciés, copeaux et entailles, trous, pièces avec des clous tordus ou des tampons CDX (qui désignent la variété de multiplex la plus simple et la plus robuste). À partir de ces matériaux inutilisables et mis au rebut, Ruby crée des assemblages tridimensionnels, qui restituent l’idée d’une fenêtre sous une forme rudimentaire: une barre transversale. Après avoir exploré le concept de la série WIDW en deux dimensions, Ruby y revient ici par le repérage de la profondeur et des ombres. La couleur - amortie, viscérale et parfois vibrante – joue un rôle tout aussi important et introduit dans les oeuvres un aspect sensoriel. Les coups de pinceau sont brutaux et expressifs, mais aussi, par moments, parcimonieux et mémorables. L’effet ‘frotté’ qui en découle cadre avec la patine du bois, mais se révèle doublement ambigu: qu’y a-t-on ajouté, qu’en a-t-on prélevé? Ces constructions hybrides, qui flottent entre la peinture et la sculpture, témoignent de l’enthousiasme viscéral de Ruby pour l’acte de création dans ce qu’il a de physique et la liberté d’expression sous sa forme la plus pure.
À travers le prisme du temps – passé, présent et futur – les assemblages de Sterling Ruby peuvent être interprétés de plusieurs manières différentes. Au sens nostalgique, ils sont basés sur la biographie de l’artiste: le bois est un matériau suggestif, associé à sa maison familiale dans la campagne de Pennsylvanie, proche du coeur du pays amish. Les compétences traditionnelles, comme la broderie, le matelassage et le travail du bois, ont fondé l’éducation de Ruby et jouent encore un rôle important dans sa pratique. Le bois a une résonance particulière: Ruby a passé une grande partie de sa jeunesse entre le bois, la coupe du bois de chauffage et l’apprentissage de la menuiserie. L’influence de sa mère, originaire des Pays-Bas, est également détectable: elle se confond avec la grange déjà évoquée, essentielle à la croissance de Ruby dans un environnement agricole. À un autre niveau, ses oeuvres renvoient à une longue tradition de l’histoire de l’art, qui s’étend des premiers assemblages en bois de Picasso en 1912 aux oeuvres d’Arp, Schwitters et Tatlin ou, dans la tradition américaine, de Rauschenberg, Johns et Nevelson. La passion opiniâtre de Ruby pour le recyclage et le retraitement des matériaux, par contre, peut être considérée comme une réponse logique aux préoccupations actuelles à propos des déchets et de la récupération; une approche autosuffisante, intransigeante et indéfiniment régénérative de la fabrication de l’art. Enfin, le motif de la fenêtre interroge sur ce qui se situe au-delà. Ou bien regardons-nous vers l’intérieur? Comme ouverture vers d’autres mondes, sources de lumière et structures intermédiaires entre l’intérieur et l’extérieur, et comme métaphore pour l’évasion, l’espoir, le changement et l’inconnu, la fenêtre constitue un symbole éloquent, qui a toujours, de mémoire d’homme, parlé à l’imagination.
Sterling Ruby (1972) vit et travaille à Los Angeles. Ses récentes expositions personnelles comprennent notamment: Sterling Ruby, Institute of Contemporary Art, Miami, FL, USA, 2019 (accueillie ensuite à l’Institute of Contemporary Art, Boston, MA, USA, 2020); Sterling Ruby: Sculptures, Nasher Sculpture Center, Dallas, TX, USA, 2019; Sterling Ruby: Céramiques, Des Moines Art Center, Des Moines, IA, USA (accueillie ensuite au Museum of Arts and Design (MAD), New York, NY, USA), 2018; Sterling Ruby, Winterpalais, Musée du Belvédère, Vienne, Autriche, 2016.
Sterling Ruby
A RELIEF LASHED + A STILL POSE
18 juin — 1 aout 2020
Xavier Hufkens
Rue Van Eyck 44, 1050 Bruxelles