Xavier Hufkens présente une exposition personnelle de l’artiste chinois Zhang Enli

Xavier Hufkens présente la deuxième exposition personnelle de l’artiste chinois Zhang Enli.

Enli, qui a grandi dans la campagne isolée de la Chine du Nord et vit désormais dans la métropole trépidante de Shanghai, peint des portraits depuis plus de trois décennies. Ainsi, dans les années 1990, il a réalisé une vaste série de tableaux basée sur les habitants et travailleurs ordinaires de Shanghai. Plus tard, il a exploré des thèmes comme la nature, les intérieurs et les objets. Mais ces oeuvres-là aussi, il les a toujours considérées comme des portraits. ​ 

Aujourd’hui, Enli construit des paysages psychologiques où l’oeil et l’esprit peuvent vagabonder. Cette pluridimensionnalité se traduit par des lignes plus lâches et plus libres, qui s’entrecroisent et se chevauchent à un niveau inconnu, et par la densité accrue de la composition. ​ 

À propos de son évolution de la représentation à l’abstraction, il déclare : « Au début, j’allais vers les lignes à partir des objets. Ces lignes étaient spécifiques, comme des câbles électriques et des fils de fer, mais, une fois tracées, je les trouvais difficiles à définir. Il n’est pas aisé de séparer l’abstrait du figuratif. C’est ce qui m’a amené là où je suis. Dans mes pensées, l’abstrait et le figuratif ne sont pas dissociés. Leurs frontières sont floues ». ​ 

La pratique artistique de Zhang reflète la fluidité des échanges entre les impressions extérieures et les réflexions intérieures, pour réintégrer ultérieurement le monde par le biais de la peinture. C’est un processus qui permet de comprendre les caractéristiques et les expériences essentielles de l’être humain. Mais ces particularités en constante évolution résistent aux interprétations figées. Selon Zhang, « Il est impossible de décrire quelqu’un clairement ou simplement en une seule phrase. Et je crois qu’il en va de même pour tout. Je n’ai jamais considéré les êtres humains comme simples… Les idées et la conscience d’une personne sont souvent inaccessibles ». 

La clé de notre interprétation des oeuvres de Zhang Enli est notre imagination, en partie guidée par leurs titres. Parce que ses portraits ne reçoivent un nom – ou, pour mieux dire, une identité – que lorsqu’ils sont terminés, leurs titres ont une double fonction. En plus de renvoyer à ce que l’artiste voit dans son oeuvre, ils servent d’indices aux perceptions du spectateur. Pour Zhang, nommer les choses revêt une importance capitale : il estime qu’un titre peut avoir autant d’importance que l’oeuvre elle-même. Les souvenirs culturels, notamment littéraires, sont également cruciaux. Une oeuvre dont l’influence sur Zhang Enli s’est révélée décisive est Winesburg-en-Ohio (1919) de Sherwood Anderson (1876-1941). L’artiste a lu pour la première fois ce livre sur les gens, majoritairement considéré comme une oeuvre pionnière de la littérature moderniste, alors qu’il était encore étudiant. Dans ce recueil de nouvelles, Anderson a développé vingt-deux études de personnages différentes. Ces observations détaillées et le désir de l’auteur de regarder sous la surface de la vie ont rappelé à l’artiste ses propres expériences et les souvenirs de sa famille. 

Les toiles de Zhang Enli, profondément personnelles et énigmatiques, sont comme des miroirs à deux faces, qui reflètent tant le monde en général que le subconscient de l’artiste. Les sensations et l’imagination s’y rejoignent. Voyons-nous ce que l’artiste voit? Et que nous évoquent les titres, en combinaison avec les coups de pinceau et les couleurs ? Zhang Enli attend de chaque spectateur qu’il pénètre dans ses tableaux par un chemin unique. 

 


Zhang Enli
A Traveller
15 mars - 11 mai 2024
Xavier Hufkens


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