Xavier Hufkens présente l’exposition la plus complète de Sterling Ruby avec la galerie

Quatre ensembles distincts d’œuvres inédites - dessins, sculptures, peintures et céramiques - offrent un aperçu global des plus récentes évolutions de l'œuvre de Sterling Ruby

DROWSE MURMURS est à ce jour l’exposition la plus complète de Sterling Ruby avec la galerie. Présentant quatre ensembles distincts d’œuvres inédites - dessins, sculptures, peintures et céramiques – l’exposition offre un aperçu global des plus récentes évolutions de son œuvre. L’exposition met en évidence non seulement la nature étendue de sa pratique, mais aussi sa complexité matérielle et conceptuelle. Les nombreuses dissemblances qui ont façonné la vie de Ruby - entre ses racines européennes et son éducation américaine, la Pennsylvanie rurale et la ville de Los Angeles, ou encore le travail de son père pour l’armée et l’engagement de ses parents dans la sous-culture hippie - servent de catalyseur pour des œuvres où le personnel et le politique se rejoignent. Le titre, emprunté au poème Drowse Murmurs d’Allen Ginsberg (1965), évoque certains des thèmes les plus récurrents de l’exposition, notamment la dialectique entre la guerre et la paix, la destruction et la beauté.

Au cœur de l’exposition se trouvent les dessins monochromes de Sterling Ruby, ici présentés pour la première fois. Exécutés à l’encre ou au graphite, ils constituent un tout nouveau corpus d’œuvres. Une énergie à la fois brute et volatile remplit chaque feuille de la même manière que les mots incisifs de Ginsberg frappent le lecteur. Le célèbre poète de la Beat Generation a inventé l’expression « la première pensée est la meilleure pensée » pour décrire un type de vérité née de l’« expérience nue ». Les images du flux de conscience de Ruby, qui par ailleurs tentent d’éviter l’autocensure, évoquent des explosions, des cyclones et des filets. De fragiles aperçus de la nature peuvent également être détectés au milieu de ces lignes frénétiques, tels qu’une toile d’araignée ou une fleur.


Sterling Ruby
DROWE MURMURS
27 octobre - 16 décembre 2023
Xavier Hufkens
6 rue St-Georges,
​1050 Bruxelles


L'exposition

Les fleurs sont aussi présentes dans les sculptures en aluminium moulé de l’artiste. Les initiales FP dans le titre proviennent du slogan « Flower Power », utilisé dans les années 1960 et 70 pour désigner la résistance passive à la guerre du Vietnam. Une expression inventée par Ginsberg en 1965, l’année où il écrit Drowse Murmurs, et qui a transformé les manifestations anti-guerre en démonstrations pacifiques. Une photographie emblématique d’un homme plaçant un œillet à l’intérieur du canon d’un fusil M14, prise par Bernie Boston en 1971, capture l’éthos. Cette image figurait également sur une affiche présente dans la maison d’enfance de Sterling Ruby. Les sculptures de Ruby, dont les formes élancées ressemblent à des canons et à des baïonnettes, sont imprégnées de cette même tension. Coulées à partir d’assemblages de bois et d’autres matériaux, elles sont des exemples typiques de la pratique régénérative de l’artiste. Ruby façonne ses œuvres à partir des chutes et débris récupérer de ses précédentes créations, les anciennes œuvres donnent ainsi naissance aux nouvelles. Les fleurs et le feuillage, tous récoltés autour de la maison et du studio de l’artiste, ont été moulés d’après nature. À travers

ces sculptures, Ruby introduit également un matériau résolument moderne dans son travail : l’aluminium. Synonyme de l’ère spatiale, il fait désormais partie intégrante de la vie quotidienne, grâce à sa légèreté et sa résistance. Connu pour ses vastes applications militaires il a joué un rôle important dans la guerre du Vietnam. En établissant une analogie entre le militarisme et l’activisme, les œuvres soulèvent également des questions sur les conflits qui définissent notre époque. Avec leur apparence squelettique, presque spectrale, les sculptures de Ruby se situent à la frontière du passé et du présent.

Le reste des sculptures en aluminium prennent la forme forme de moulins à vent, structure symbolique du progrès et de la subsistance. Ponctuant encore les paysages européens ils se dressent alors devant nous comme des rappels d’une époque révolue. Aux États-Unis, les « Turbines », moulins à vent caractéristiques aujourd’hui quasiment disparu, ont permis aux agriculteurs de conquérir le « grenier à pain » de l’Amérique : les Grandes Plaines. À un autre niveau, les sculptures de Ruby font également référence à des traditions visuelles et littéraires riches. Des moulins à vent de Hobbema et Vermeer à ceux de Malevitch et Mondrian, ou de Don Quichotte aux Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, c’est une machine dont la puissance résonne à travers les âges.

Les dernières peintures TURBINE de Ruby donnent également à voir des formes semblables à des moulins à vent. Elles sont directement liées à sa série antérieure

WIDW, qui comprenait un motif alors ressemblant à une fenêtre. La forme a désormais acquis un axe de rotation et a été mise en mouvement. La transformation est sans fin : s’agit-il de fenêtres explosées, d’hélices ou de turbines éoliennes ? Dépourvues de références temporelles ou spatiales, les structures cruciformes découpent le plan pictural en quadrants. Des couleurs audacieuses, certaines menaçantes et d’autres plus optimistes, créent un champ visuel indéterminé et volatile. Des nuages, du vent, du feu, de la fumée, du smog, des tempêtes et de la poussière nous viennent à l’esprit. S’il s’agit effectivement de turbines éoliennes, alors ce sont des symboles ambigus. Tout en promettant une énergie propre et durable, elles témoignent également des conséquences écologiques de l’industrialisation et de la guerre entraînées par ces « turbines ». D’autres peintures de la série contiennent des bandes de couleur scintillantes, que Ruby réalise en martelant le pigment pur dans la toile. Créant ainsi une impression de vitesse et de vélocité, ou d’explosions et de bombes. Ici, les motifs collés sont des formes géométriques qui suggèrent des fuselages d’avion, des fortifications frontalières telles les « DRAGON TEETH », ou bien des puits de pétrole.

Dans ses récentes céramiques, Ruby poursuit son exploration du motif floral à quatre pétales, ou quatre-feuilles. Cette image archétypale a de multiples connotations spirituelles et héraldiques, y compris une association avec les quatre vents cardinaux. Ruby a également créé une série viscérale de « fleurs » avec des « pétales » en forme de lobe et des tiges articulées qui ressemblent à des vertèbres. Avec leurs surfaces noueuses, et leur ressemblance avec des pointes de flèche, elles ressemblent à des découvertes archéologiques d’une ère post-apocalyptique. Les crucifix en céramique de Lucio Fontana, dans lesquels la forme et la matière se dissolvent à travers les pressions et les moulages des mains de l’artiste, furent un point de référence lors de la réalisation de ces œuvres. Ruby a travaillé l’argile aussi intensément, en la martelant en plein air pour qu’il recueille des traces, à la fois positives et négatives, du monde extérieur au studio. Comme des fouilles archéologiques ou des vues aériennes de paysages ravagés, elles font suite aux topographies brisées de la série Basin Theology de l’artiste.

DROWSE MURMURS présente des œuvres qui ne sont ni picturales, ni figuratives, ni didactiques, mais contiennent néanmoins des éléments identifiables et stimulants qui racontent quelque chose sur le monde actuel. Les contrastes formels et matériels, ainsi que les glissements entre le passé et le présent, se transforment en un terrain visuel riche qui aborde certaines des questions les plus brûlantes de notre époque. Quand Ginsberg a publié Drowse Murmurs en 1967, cela faisait partie de sa collection Planet News : un reportage pénétrant et sans complaisance sur sa vie et son époque. Ruby canalise ce même esprit, en 2023.


Images (cliques ici pour télécharger les images)


Sterling Ruby

Portrait by Melanie Schiff
Portrait by Melanie Schiff

Sterling Ruby est né en 1972, détient la citoyenneté américaine et néerlandaise, et vit et travaille à Los Angeles. Ses œuvres sont présentes dans des collections telles que le Museum of Modern Art de New York, le Solomon R. Guggenheim Museum de New York, le Whitney Museum of American Art de New York, le Museum of Contemporary Art de Chicago, le Museum of Contemporary Art de Los Angeles, le Los Angeles County Museum of Art, le San Francisco Museum of Modern Art, le Tate de Londres, le Centre Pompidou de Paris et le Moderna Museet de Stockholm. La sculpture DOUBLE CANDLE (2018) de Ruby est installée en permanence au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington, DC. Ses expositions comprennent DROPPA BLOCKA, Museum Dhondt-Dhaenens, Deurle, Belgique (2013) ; STOVES, Musée

de la Chasse et de la Nature, Paris (2015) ; Belvedere, Vienne (2016) ; Ceramics, Des Moines Art Center, Iowa (2018, exposé également au Museum of Arts and Design de New York) ; et Institute of Contemporary Art, Miami (2019–2020, exposé également à l’Institute of Contemporary Art de Boston). En 2014, il a participé à la Biennale de Gwangju, à la Triennale de Taipei et à la Biennale Whitney.

 

 

 

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