S.M.A.K. présente la première exposition muséale des artistes et cinéastes Sirah Foighel Brutmann et Eitan Efrat
Sirah Foighel Brutmann & Eitan Efrat
Là
06 avril 2024 – 08 septembre 2024
S.M.A.K.
Conférence de presse : 5 avril, 11h
Ouverture le vendredi 5 avril 2024, de 20h00 à 23h00
S.M.A.K. présente la première exposition muséale des artistes et cinéastes bruxellois Sirah Foighel Brutmann (°1983) et Eitan Efrat (°1983). La présentation audiovisuelle à multiples facettes, intitulée Là, engage un dialogue imaginaire avec Chantal Akerman, décédée en 2015.
Les artistes et cinéastes Sirah Foighel Brutmann (°1983) et Eitan Efrat (°1983), installés à Bruxelles, ont créé leur nouveau projet Là pour leur première exposition dans un musée. Le titre fait affectueusement référence à Là-bas, le film de 2006 de la réalisatrice belge Chantal Akerman (1950 - 2015). Phonétiquement, le mot français Là veut dire des choses différentes en arabe et en hébreu. En arabe, لا signifie non (la négation des récits hégémoniques sur la terre). En hébreu, לה veut dire pour elle (un hommage ou une sorte d’offrande à Chantal Akerman). Là représente simultanément un prolongement du dialogue imaginaire de Brutmann et Efrat avec Chantal Akerman et un voyage audiovisuel entre la Belgique et le désert du Negev/Naqab en Israël/Palestine, tout en étudiant la notion d’appartenance à un lieu à travers des éléments naturels et la responsabilité historique.
En septembre 2022, Eitan Efrat et Sirah Foighel Brutmann ont reçu une bourse pour lancer un projet audiovisuel faisant des allers-retours entre la pratique de Chantal Akerman, sa relation (audiovisuelle) avec le désert en Israël/Palestine et ses expériences de cinéaste juive belge. En guise de récompense pour leurs recherches, Sirah et Eitan ont été invités par CON10UR, la biennale de l’image en mouvement, à participer à un projet cinématographique collectif en réponse à l’intemporel News From Home de Chantal Akerman. Sirah et Eitan ont ainsi réalisé Un Âne, un court-métrage de 12 minutes qui répond aux quatre plans de désert d’Akerman dans son dernier film, No Home Movie (2015). Cette œuvre était adressée à la cinéaste comme s’il s’agissait d’une lettre. Le geste d’Un Âne, qui nomme le désert Al-Naqab resté anonyme dans le film d’Akerman, représente le premier mouvement de l’exposition de Sirah et Eitan au S.M.A.K., Là, qui se déploie à travers six salles.
Les trois premiers espaces, rectangulaires et identiques, constituent le vocabulaire audiovisuel de l’exposition tout en introduisant l’environnement varié du désert israélien/palestinien, faisant explicitement référence aux éléments abordés par la suite. Dans chaque salle, une grande installation de projection est accrochée au centre de la pièce. Chaque projection dure quelque 7 à 12 minutes et est accompagnée de sa bande son. Un Âne est projeté dans la première salle, tandis que dans les salles deux et trois, différentes perspectives sur le paysage et le langage sont incarnées dans Horizons (2024) et [ANAN] (2024). La quatrième salle fait office d’espace de transition. La cinquième zone sert de point de rassemblement où la tactique frontale des trois espaces précédents s’interrompt. Cette salle invite les visiteurs à déambuler en partageant l’espace avec les autres, en s’approchant des écrans et en examinant les détails de l’environnement d’exposition. Onze projecteurs 16mm remplissent l’espace d’images et de leurs sons mécaniques. Chaque projecteur joue un « la » (440hz environ), la note utilisée pour accorder l’orchestre. Sirah et Eitan ont invité des amis musiciens à enregistrer la note « la » pour eux. Ces offrandes seront jouées dans l’espace de manière à évoquer la présence spectrale d’une communauté temporaire. Toutes les deux minutes, le son et l’image s’arrêtent brusquement dans la pièce. Les vidéos et les images cinématographiques sont toutes projetées sur des écrans en latex naturel. Le latex, d’un beige couleur chair, absorbe en effet extrêmement bien la lumière. L’image reste claire des deux côtés du matériau, empêchant la lumière de pénétrer à l’intérieur. Contrairement aux rétroprojections sur des tissus synthétiques, le latex a une texture très spéciale et un poids qui lui donne l’apparence de la peau. Ici, sa présence est à la fois inégale, organique et mobile.
Dans la sixième salle, c’est une vidéo de Brutmann et Efrat, Is It A Knife Because… (2022), qui est projetée. Dans une approche analogue à celle de Chantal Akerman lorsqu’elle expose son cadre familial intime dans No Home Movie, Is It A Knife Because… est un film fait à la maison et né du heurt entre processus de réalisation cinématographique et de parentalité. Le film remet judicieusement en question les notions d’autorité, celle des parents, des producteurs d’images et des autorités tapies de l’autre côté de la fenêtre. Is It A Knife Because… mêle amour et violence dans une tentative extrême pour définir la source de la lumière.
Là est véritablement une œuvre critique aux multiples facettes, qui marque une réconciliation avec la mort de Chantal, d’une part, et, d’autre part, avec l’impossibilité de communiquer avec elle après sa mort. S’appuyant sur les travaux d’Emmanuel Levinas, Jacques Derrida et Akerman (en ce compris ses écrits), l’exposition s’engage dans un dialogue imaginaire avec Akerman, de manière à faire son deuil. Les artistes lamentent le monde qu’Akerman a laissé derrière elle. Là est une réévaluation de la responsabilité juive européenne vis-à-vis d’Israël et de la Nakba palestinienne en cours dans une perspective post-sioniste, en accord avec la riche histoire des mouvements antifascistes juifs belges des deux communautés. Là étudie aussi les écosystèmes – en particulier les plantes, les animaux et les présences humaines – et la façon dont ils migrent dans le monde. Les mots « endémique » et « invasif » ont-ils du sens ? Pouvons-nous tirer des leçons de l’adaptation des plantes à leur environnement ? Que pouvons-nous apprendre des systèmes artificiels d’irrigation ? Présentant essentiellement de nouvelles œuvres d’art, Là crée un environnement audiovisuel expérimental où les procédés et les mécanismes de production et de présentation d’images cinématographiques et du son se développent spatialement pour évoquer une perception stratifiée du lieu.
Sirah Foighel Brutmann & Eitan Efrat
Sirah et Eitan vivent et travaillent à Bruxelles, où ils créent ensemble des pièces audiovisuelles, des installations et des performances.
Leur pratique artistique se concentre sur les aspects performatifs des images en mouvement. Ils s’efforcent de souligner les potentialités spatiales et temporelles de la lecture d’images fixes ou animées, les rapports entre le fait d’être spectateur et l’histoire, la temporalité des récits et de la mémoire, et les surfaces matérielles de la production d’images.
Leurs œuvres ont été présentées dans des expositions en duo à la Kunsthalle de Bâle (CH) ; chez Argos, Bruxelles (BE) ; au CAC Delme (FR) ; au Brakke Grond (NL). Ils ont pris part à des expositions collectives au Wiels (BE) ; au Museum für Kunst und Gewerbe, Hambourg (DE) ; au Portikus, Francfort (DE) ; au Jeu de Paume, Paris (FR) et au STUK, Louvain (BE). Ils ont participé à des festivals de cinéma tels qu’EMAF, Osnabrück (DE) ; Atonal, Berlin (DE) ; Doc Lisboa (PT) ; Oberhausen Film Festival (DE) ; Rotterdam Film Festival (NL) ; Les Rencontres internationales, Paris et Berlin (FR/DE) ; New Horizons, Wrocław (PL) ; Images, Toronto (CA) ; 25FPS, Zagreb (HR).
Actuellement, Sirah et Eitan enseignant à l’ERG à Bruxelles et sont membres du collectif d’artistes Messidor, avec Meggy Rustamova et Pieter Geenen, ainsi que membres de Level Five, un studio coopératif géré par des artistes à Bruxelles.
Refusant toute forme de transaction monétaire avec des institutions subventionnées par le gouvernement israélien, Sirah et Eitan soutiennent la lutte pour la libération du peuple palestinien en Palestine et partout dans le monde.
L’exposition est réalisée en partenariat entre S.M.A.K., Messidor et le Courtisane Film Festival. Avec le soutien du gouvernement flamand (Kunstendecreet).
Images
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