MACS organise une exposition collective sur le thème de l'invisible

Cet automne, le MACS présente une exposition collective réunissant onze artistes contemporains issus d’horizons différents sur le thème de la transformation du visible en invisible par la pensée intuitive ou mystique. Défini par la philosophie comme la « sympathie spirituelle » qui nous transporte à l’intérieur des choses, le regard intuitif s’oppose à la perspective traditionnelle en ne se posant pas face au monde, mais au dedans. Partant d’un tel point de vue inversé, ces artistes créent moins leurs œuvres qu’ils ne les « inventent », au sens archéologique du terme.

Le choix du commissaire Denis Gielen s’est porté en premier sur des pièces inspirées directement par la pensée mythologique ou mystique, comme les dessins que Ricardo Brey a consacrés récemment à L’Enfer de Dante, ou encore les reliquaires en cire dans lesquels le peintre José María Sicilia enchâsse des pages manuscrites du Cantique Spirituel du poète mystique espagnol saint Jean de la Croix. Parce qu’elle illustre cette recherche de la spiritualité à travers la transformation des métaux, l’alchimie est encore une référence commune à plusieurs œuvres présentées, à l’instar des sculptures que l’artiste Daniel Turner produit en réduisant en limaille des équipements industriels, ou des tableaux plus chamaniques que le peintre Jean-Pierre Bertrand fabrique en amalgamant ses pigments à du miel, du sel ou du citron. Incarnée par une sculpture en cire de Mario Merz acquise par le MAC’s, la pensée de Joseph Beuys et son utopie du « retour à une nature réenchantée » ne sont pas loin, comme en témoignent ailleurs les sublimes « aquarelles dans l’eau » de Sarkis, artiste pionnier qui fut l’un des premiers à reconnaître en France la démarche révolutionnaire de l’artiste allemand. Plus largement, c’est aux origines de l’image que remontent ces artistes entièrement voués au spirituel, comme en témoignent les icônes de Fabrice Samyn ou les archétypes de Maurice Blaussyld, comme la croix. Enfin, l’exposition aurait été inconcevable sans aborder les inextricables liens entre le visible et l’invisible que tisse, depuis toujours, la peinture et dont témoignent dans l’exposition les paysages clairs-obscurs de Jean-Marie Bytebier ainsi que les vidéos-tableaux d’Angel Vergara. ​ ​ 

Inspirée par une métaphore de Rainer Maria Rilke qui rappelait la dimension spirituelle de la poésie. Extrait d’une lettre où le poète Rainer Maria Rilke comparait son travail à celui des abeilles, le titre de l’exposition renvoie à cette image frappante de l’atelier comme « ruche », comme espace hermétique et intime de création. Aussi inspiré par Chambre des pensées, une sculpture-habitat de Thierry De Cordier évoquant, selon les imaginations, un crâne, un ventre, une jardinière ou encore la ruche du poète, le parcours de l’exposition connecte les espaces mentaux de différents artistes qui constituent cette communauté universelle des Abeilles de l’Invisible.

Liste des artistes :

Les Abeilles de l’Invisible
​29.09.2019 - 12.01.2020
​MACS
​Site du Grand-Hornu
​Rue Sainte-Louise 82
​B-7301 Hornu
​www.mac-s.be

Jean-Marie Bytebier, Immigrated Clouds, acrylique sur toile, 240 x 180 cm, 2018. Collection. Courtesy de l’artiste.Fabrice Samyn, Burning is Shining, bois brûlé et feuilles d'or, 63,5 x 51 cm, 2015-2016. Courtesy de l’artiste.

José María Sicilia, Manuscrito de Sanlùcar de Barrameda, papier, cire d'abeille, noir de fumée et incrustations, 25 x 40 cm, 1995. Collection Musée des Arts Contemporains au Grand-Hornu. © SABAM Belgium, 2019. Photo : Philippe De Gobert.Maurice Blaussyld, Granit, pierre de granit et papier, 80 x 145 x 25 cm, 1998. Collection Musée des Arts Contemporains au Grand-Hornu, don de l'artiste en 2007. © Maurice Blaussyld. Photo : Danièle Blaussyld.