LMNO présente une exposition de l'artiste d'origine arménienne Aïda Kazarian interrogeant la mémoire et la transmission
Du 29 novembre au 28 février, la galerie bruxelloise LMNO, installée dans les deux pavillons historiques du Bois de la Cambre, présente Prélude d’une feuillaison, la troisième exposition personnelle de l’artiste belge Aïda Kazarian à la galerie. Celle-ci dévoile de nouvelles œuvres sur toile et sur bois, mais aussi une vidéo, une installation sonore, des livres peints et le prototype d’un ouvrage à venir édité par la maison d'édition La Lettre volée, retraçant trente ans de création à travers ses livres peints.
Depuis quarante ans, Aïda Kazarian bâtit une œuvre peinte singulière, qui se manifeste dans des tableaux, des interventions dans l’espace et dans des livres peints — plus de 1200 volumes réalisés entre 1993 et 2022.
Aïda Kazarian est belge, d'origine arménienne et ne parle pas du génocide, car son enfance a été marquée par le silence autour de cette question. Pourtant, à bien y réfléchir, ses travaux sont des réminiscences, des émotions ressenties devant la mort, le voyage, les naissances, les retrouvailles. Quand l'artiste présente un nouveau travail, elle relate souvent ce qui est survenu, l'accident heureux ou malheureux, à l'origine de son désir de le peindre.
Aïda Kazarian peint en utilisant de la peinture à l’huile ou de l’acrylique, sur toile ou sur bois recouvert de feuilles d’or, parfois des dessous de gâteau dorés, sans distinction. Son monde est celui de l’icône, quel que soit le support ou le médium. Son œuvre est produite la plupart du temps directement avec avec son corps — son doigt —, sans pinceau ni outil.
Sa peinture prolonge une tradition ancienne, celle des tapis. Elle retient de cette expérience l'idée de répétition, et son écriture suit le mouvement en boustrophédon — ce va-et-vient adopté par les tisserands et tisseuses. Ses deux parents étaient restaurateurs de tapis d'Orient.
L’exposition Prélude d’une feuillaison interroge la mémoire et la transmission — la possibilité de donner une seconde vie aux pages par le regard, le souffle ou le son. À travers cette exposition, Aïda Kazarian invite à habiter les oeuvres comme un espace vivant, à la fois intime et collectif, où se rencontrent l’art, le récit et la communauté ouverte.
Cette exposition ne se limite pas à l’espace du livre : elle s’étend à travers de nouvelles créations, une installation vidéo où les pages se meuvent au rythme du vent, ainsi que des cassettes audio retraçant, sur près de 15 ans, les voix des proches de l’artiste.
Ces supports multiples ouvrent des voies sensibles où le livre se feuillette, s’écoute et s’anime, révélant ses temporalités cachées.
Une performance du compositeur et musicien Jean-Paul Dessy viendra également accompagner l’expérience le temps d'une soiré exclusive.
Une oeuvre-livre en devenir
L’exposition présente également le prototype de l’édition en devenir, un projet inédit retraçant l’ensemble du parcours d'Aïda Kazarian et pensé comme une œuvre-livre.
Le livre présenté lors du vernissage en sera une première forme d’incarnation. Il a été conçu comme un inventaire des mille deux cent trois livres peints, auquel s’ajoutent plusieurs catalogues consacrés à d’autres types d’ouvrages : livres ayant donné naissance à des vidéos, livres composés à quatre mains (avec des artistes ou écrivains), livres édités, livres de voyages, livres d’or, etc.
Cette future édition de 300 exemplaires comportera 30 exemplaires uniques, tous individualisés par l’artiste, et sera proposée en prévente afin de contribuer au financement d’un projet plus large : la création d’une bibliothèque conçue par le jeune architecte belge Kasimir Ketele, destinée à accueillir l’ensemble de ses 1001 ouvrages peints. Ce corpus, entamé en 1993, s’étend sur trente années de création.
Cette démarche prolonge un premier travail d’édition réalisé en 2004, Aïda Kazarian Peintures–Paintings, qui exposait déjà la relation entre les livres peints et son travail pictural plus traditionnel. Les livres peints, moins diffusés que ses toiles, sont des parties intégrantes de sa pratique de la peinture.
La bibliothèque mobile et immersive, à échelle humaine, pourra accueillir jusqu’à quatre personnes. Les visiteurs pourront y consulter et manipuler les livres peints, accompagnés par des bandes sonores et des vidéos, prolongeant ainsi l’expérience sensible de Prélude d’une feuillaison.
Prototype de la Bibliothèque
À propos du livre (en français et anglais) FEUILLAISON TURNING OVER A NEW LEAF d'Aïda Kazarian
Livre des livres, livres des jours, cet ouvrage accompagne une peintre pendant trente ans. Chaque jour apporte un peu de peinture qui réveille le corps de la peintre. La main, son outil, tourne les pages et expérimente les résistances et les opportunités de l’huile, de l’encre, du crayon.
Empreinte après empreinte, Aïda Kazarian marque le temps et chronique la vie de ses amis, de la famille et des artistes qui l’entoure. Chaque livre peint est comme une poignée de main. La rencontre d’un souvenir, la marque d’une naissance, d’un rapt, de la neige qui tombe, d’un décès.
Étrange obituaire coloré, Feuillaison est une chronique inédite qui nous fait entrer au plus intime dans le travail d’une artiste, et dans la mémoire de six lustres, à cheval entre deux millénaires.
Feuillaison est semblable aux empreintes pariétales gravées il y a 75 000 ans dans la grotte de Roche-Cotard par l’un de nos ancêtres, un alphabet qui donne accès à une langue à réinventer en nous.
INFORMATIONS PRATIQUES
Prélude d’une feuillaison
Aïda Kazarian
Du 29 novembre 2025 au 28 février 2026
LMNO
544 & 589 avenue Louise, 1000 Bruxelles
http://lmno.be
À propos de Aïda Kazarian
Aïda Kazarian bâtit depuis quarante ans une œuvre peinte qui se manifeste dans des tableaux, dont certains à la feuille d'or, des livres ou des interventions dans l'espace sous forme, entre autres, de rouleaux peints.
C'est peu à peu que s'impose sa façon de peindre, directement avec son corps, ses doigts, sans pinceau ni outil. Les gestes et les motifs prennent corps tout en explorant les constituants de la peinture.
Sa peinture prolonge une tradition ancienne, celle des tapis. Elle retient de cette expérience l'idée de répétition, et son écriture suit le mouvement en boustrophédon qu'adoptent les tisseurs et tisseuses. Ses deux parents étaient restaurateurs de tapis d'Orient.
Après des études à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, où elle a enseigné, elle entame une carrière qui l'amène à exposer tant en Europe qu'en Amérique du Nord.
Depuis le début des années 1990, elle expose avec régularité son travail abstrait. Depuis dix ans, on observe une nouvelle orientation dans son œuvre, qui interroge avec une rigueur croissante la mémoire arménienne qu’elle porte en elle.
À propos de LMNO
LMNO naît en 2016 sous l’impulsion de Natacha Mottart, Christophe Veys et Olivier Legrain. La galerie se développe autour d’un besoin simple et complexe : « Amener les sciences du vivant dans le monde de l’art contemporain et l’art contemporain dans le monde des sciences du vivant ». LMNO défend, partage et soutient des artistes dont la pratique permet un dialogue entre différents domaines de connaissances tels que la science, l’histoire, la littérature et la politique.
Depuis juin 2021, LMNO développe un programme de résidence artistique utilisant le Bois de Fa comme terrain de jeu. Le Bois de Fa est un jardin expérimental de 6,5 hectares situé à Grez-Doiceau dans le Brabant Wallon. Il a été rêvé, pensé, mûri, construit et enrichi par toute une équipe de spécialistes. L’objectif de la résidence est de faire émerger des projets artistiques innovants et expérimentaux qui peuvent se nourrir de l’esprit du lieu, d’explorer les possibles futurs d’une humanité qui réconcilie la Nature et la Culture. En collaboration avec l'UCL et Pulsart, le programme encourage la recherche artistique abordant la cohabitation avec d'autres formes de vie et accroît la sensibilité du public aux enjeux écologiques. En favorisant des liens entre les domaines artistiques et scientifiques, LMNO cherche à transformer les perceptions sociétales des défis environnementaux, incarnant la conviction que l'art joue un rôle crucial dans la formation de notre relation avec le monde vivant.
« Nous croyons fermement que les artistes ont la capacité de nous ouvrir à de nouvelles façons de voir et d'interagir avec le monde, de remettre en question des cadres de pensée traditionnels, d'éveiller notre sensibilité et de libérer notre imagination. »
— Natacha Mottart, co-fondatrice de LMNO


















