Le Musée Juif de Belgique présente 'Four Sisters': une dialogue entre les œuvres de Chantal Akerman, Marianne Berenhaut, Sarah Kaliski et Julia Pirotte

Présentée au Musée Juif de Belgique du 23 mars au 27 août 2023, l'exposition Four Sisters met à l’honneur quatre artistes en faisant dialoguer les œuvres de Chantal Akerman, Marianne Berenhaut, Sarah Kaliski et Julia Pirotte. À travers les trajectoires de ces femmes et les moyens d'expression qu'elles se sont choisis (le cinéma, la sculpture, la peinture, la photographie), l'exposition traite de féminité, de désir et de mémoire.

Chantal Akerman, Marianne Berenhaut, Sarah Kaliski et Julia Pirotte sont artistes. L'une réalise des films, l'autre des sculptures. Une autre est peintre, la dernière est photographe. Ce sont quatre femmes juives. Issues de différentes générations, elles ont émigré ou sont nées de parents apatrides qui ont fui l'Europe de l'Est et les persécutions dans les années 1930. Toutes les quatre ont habité Bruxelles et ont en commun d'avoir vécu – directement, ou à travers leurs proches – l'Occupation, d'avoir vu et subi les déportations, d'avoir traversé le désastre. ​ 

Chantal, Marianne, Sarah et Julia sont sœurs. Sœurs d'autres parents. Elles ont survécu, ou simplement vécu, grâce à la résilience des leurs. À l'instar de Ruth Elias, Ada Lichtman, Paula Biren et Hanna Marton, Les Quatre sœurs revenues des camps de la mort dont le cinéaste Claude Lanzmann avait recueilli les témoignages à la fin des années 1970, elles ont en partage l’expérience de la Shoah. Elle sont dépositaires d’une mémoire, faite d’autant de récits que d’absences et de paroles lacunaires. Une faille, un silence, une hantise qu'elles ont reçu en héritage. 

Artistes, elles ont fabriqué des œuvres, des langages, des manières de voir dans et autour de ce trou dans l'Histoire, dans leur histoire. Évoluant chacune dans un monde singulier, Chantal, Marianne, Sarah et Julia se sont parfois croisées, aperçues au détour d'une exposition d'une projection. Femmes, elles se sont construites avec une force et un engagement qui en font aujourd'hui des modèles de vie et de liberté. Juives, elles se sont interrogées sur le poids de l'appartenance et de la transmission, sur les puissances d'une culture éparse et diasporique. 

Four Sisters est une exposition chorale, qui suit le regard de ces quatre figures, dont les existences, mises bout à bout, couvrent un siècle entier d'Histoire et où s’entremêlent des évènements, des lieux, des destructions, des émancipations, des transformations politiques et des expérimentations intimes. Mêlant œuvres et archives, images et textes, présentations monographiques et arrangements collectifs, Four Sisters entrecroise les fils de ces récits de vie, à la manière d'un tissage. Ce tissage s’étend jusque dans le présent, à travers la participation ponctuée d'artistes d'une plus jeune génération. A l'intérieur de Four Sisters, dans les détails et les plis, les souvenirs se mêlant à la fiction, il y a des gestes, des temps et des fragments dont les échos résonnent et composent de nouveaux motifs, à l'instar d'une mémoire qui ne peut se former que dans le partage.


Four Sisters ​
23 mars - 27 aout 2023
Musée Juif de Belgique

Avec

  • Chantal Akerman 
  • Marianne Berenhaut
  • Sarah Kaliski 
  • Julia Pirotte

Une proposition de Barbara Cuglietta & Yann Chateigné Tytelman ​ 

Conférence de presse : 22 mars, 11h

Ce projet d’exposition est réalisé en partenariat avec Bozar, Musée de la Photographie de Charleroi, Fondation Chantal Akerman, Polish Institute Brussels, Galerie Loeve&Co, Jewish Historical Institute, Dvir Gallery, Marian Goodman Gallery. 


Images


Sarah Kaliski

Artiste peintre « métaphysique » dont la sensibilité du trait transcende les supports, Sarah Kaliski dé-multiplie le(-s) corps au travers d’une peinture aussi sensuelle que poétique et marquée par l’Histoire.

Née en 1941 à Bruxelles et morte en 2010 à Paris, Sarah Kaliski est la benjamine d’une fratrie de quatre enfants qui s’illustrent dans le domaine des arts. D’origine juive et polonaise, la famille Kaliski grandit en Belgique et subit les drames du XXème siècle, dont la perte de leur père déporté à Auschwitz. Dès lors, on observe dans le travail de Kaliski la récurrence thématique des supplices infligés par les nazis, la culture et l’identité belge, les violences envers les enfants ainsi que la liberté sexuelle des femmes.


Julia Pirotte

Artiste et combattante, le poignant travail photographique de Julia Pirotte est l’un des rares et précieux témoignages visuels de la Résistance.

Née en 1907 en Pologne, Julia Pirotte, née Gina Diament, doit fuir son pays natal où elle est persécutée en raison de ses idées politiques communistes. En voulant rejoindre sa sœur Mindla à Paris, elle se réfugie en Belgique où elle rencontre, entre autres, la résistante Suzanne Spaak qui lui offrira son premier appareil photographique, un Leica Elmar 3, qu’elle gardera toute sa vie. Dès lors, Pirotte ne cessera de photographier son quotidien de résistante et de militante. En 1940, suite de l'invasion de la Belgique par les Allemands, elle s’enfuit et rejoint la France libre afin de poursuivre ses activités de résistante. A Marseille, elle prend de nombreuses photographies documentant la vie quotidienne sous le régime de Vichy. Après la guerre, elle regagne la Pologne où elle assiste aux massacres de Kielce de 1946 qu’elle immortalise au travers d’une série photographique bouleversante. Elle poursuit jusqu’à la fin de sa vie sa pratique documentaire tout en enseignant ce médium à la jeune génération polonaise. Elle meurt en 2000 à Varsovie à l’âge de 92 ans. 


Marianne Berenhaut

Les installations de Marianne Berenhaut se dévoilent aux spectateurs comme un rebut. Elles semblent former un point d’interrogation où toute tentative de réponse s’évapore. Jamais fixes, toujours mouvantes, ses sculptures sont des énigmes où viennent s’entrechoquer un fragile et saisissant assemblage de récits, d’identités et de mémoire. 

Née à Bruxelles en 1934, Marianne Berenhaut est séparée de sa famille durant la guerre et trouve refuge avec son frère jumeau dans un orphelinat catholique. Son grand frère et ses parents ne survivront pas Auschwitz où ils sont déportés en 1943. 

Au travers de la technique d’assemblage de matériaux éclectiques, le travail sculptural de Marianne Berenhaut adresse les thèmes des traumas, de l’absence et du souvenir. ​ L’équilibre subtile de ses œuvres interrogent l’instabilité des identités, celle des femmes comme celle des objets qui les composent. 


Chantal Akerman

Figure incontournable du cinéma moderne, révérée internationalement, Chantal Akerman est sans aucun doute la cinéaste belge la plus incontournable. Son mythique film « Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080, Bruxelles » a d’ailleurs récemment été classé « meilleur film de tous les temps » par le magazine britannique « Sight&Sound ».

Née en 1950 à Bruxelles dans une famille juive originaire d’Europe centrale, Chantal Akerman est élevée par son père et par sa mère Natalia, survivante d’Auschwitz, avec qui elle entretient une relation très proche qui marque de son empreinte le travail de la cinéaste.

L’œuvre protéiforme d’Akerman s’empare autant de la fiction que du documentaire en passant par la comédie musicale et l’installation. La temporalité, la féminité et la filiation sont les thématiques récurrentes de son travail. Le regard frontal et vériste qu’Akerman pose sur un quotidien habité, souvent par des femmes, questionne par les gestes et rituels, le temps qui passe, les définitions de la féminité et le rapport que l’on entretien avec la mémoire. 

Morte en 2015 à Paris, Chantal Akerman fascine plus que jamais tant son œuvre reste, aujourd’hui encore, d’une pertinence et d’une importance primordiales aux enjeux contemporains.

 

 

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