L’art textile unique de Klaas Rommelaere au musée Texture à Courtrai

Cet automne, le musée Texture, à Courtrai, organise, en collaboration avec la plateforme d’art actuel Be-Part, une exposition solo de l’artiste belge Klaas Rommelaere (°1986, Roulers, vit et travaille à Anvers). L’expo, intitulée Dark Uncles, présente une installation impressionnante, consistant en douze énormes mannequins brodés et deux chiens, qui se déplacent en cortège à travers l’exposition, en plus d’une allée bordée de totems et d’une série d’œuvres et de tapisseries brodées. 

Rommelaere est, sous bien des aspects, un artiste hors du commun. Il combine des artisanats traditionnels exigeant temps et savoir-faire avec un regard ouvert, innovant et créatif. À cet égard, il s’intègre parfaitement dans un musée comme Texture, qui se profile comme une maison ouverte, à la jonction du patrimoine, de l’artisanat et de l’innovation. De plus, comme Rommelaere utilise du lin pour ses mannequins, ses œuvres brodées et ses totems, le lien avec le musée de la Lys et du Lin n’en est que plus évident. 

Toutes les œuvres de l’exposition sont faites à la main. Depuis le début de sa carrière, Rommelaere collabore avec 15 dames d’un certain âge (les ‘madames’), qui l’assistent dans ses activités artisanales et se réunissent chaque semaine à Anvers, Roulers et Ingelmunster. Pour cette exposition, Rommelaere a renforcé le groupe des ‘madames’ par des artisans du textile venus de toute la Flandre. Quelque 90 d’entre eux ont réagi à l’appel de l’artiste et du musée, demandant de l’aide pour les broderies. La crise du coronavirus les empêchant de travailler ensemble, Rommelaere leur a préparé des devoirs à domicile, à réaliser chez eux avec leur propre imagination et leur choix de couleurs. Mais, depuis le 1er juillet, ils se retrouvent à nouveau dans l’atelier de Texture, chaque mercredi après-midi, afin de poursuivre leur œuvre en petits groupes, en respectant évidemment les consignes de sécurité. ​

Dark Uncles
« Les hommes qui n’ont pas d’histoire et les peuples qui ont oublié leur passé disparaîtront comme des éphémères… »

Rommelaere a enregistré cette citation du célèbre cinéaste d’animation japonais Hayao Miyazaki à l’occasion de ce projet d’exposition. Elle suggère qu’avec Dark Uncles, il évoque des récits du passé pour retracer sa propre histoire. 

L’exposition renvoie donc à des références personnelles de l’auteur comme à des éléments historiques et folkloriques. D’étranges effigies de dix de ses proches – parents, sœur, partenaire, oncle, tante, cousin et grands-parents – se déplacent en cortège, avec les deux chiens de la famille, à travers l’espace d’exposition, permettant aux spectateurs de capter les expériences et les souvenirs de l’artiste. Ainsi, le dessin anatomique d’un crâne sur la poitrine de sa mère trahit sa profession de logopède ; les instruments de musique et le public en liesse sur le mannequin de sa sœur illustrent son job d’organisatrice de tournées ; et une foule de détails surs les bras et le torse de son père rappellent qu’il a tenu un magasin de matériel de camping et exercé, à titre complémentaire, ​ le métier de chauffeur poids lourds. 

L’idée de concevoir l’exposition comme un cortège remonte à l’époque où Rommelaere venait de se lancer dans son œuvre personnelle. Ses pièces terminées, auxquelles sa grand-mère avait collaboré, étaient photographiées dans la rue de ses grands-parents. Son grand-père et un voisin les transportaient jusque-là comme dans un cortège, et Rommelaere, qui les a photographiés, a puisé dans leur initiative l’idée de son installation artistique. Son papy étant décédé entre-temps, l’expo peut aussi être considérée comme une ode à sa mémoire. ​
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Tapisseries
En plus des mannequins - les Dark Uncles – des œuvres brodées et des tapisseries seront également exposées à Texture. Dans les récits en images, stratifiés et parfois étranges, de ses tableaux textiles, des fragments de scènes de films et des situations de sa propre vie quotidienne se fondent dans des instantanés à la fois puissants et délicats. À première vue, ces collages déjantés et ces motifs de patchwork pittoresques ressemblent à des notes en fil brodées et nouées. Mais il suffit d’y regarder de plus près pour discerner un récit plus complexe. 

L’exposition s’accompagne d’un catalogue édité par Art Papers Editions, en collaboration avec Be-Part Courtrai et la Galerie Zink à Waldkirchen.


Klaas Rommelaere

Klaas Rommelaere (°1986, Roulers, vit et travaille à Anvers) étudie la mode à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Gand. Après avoir obtenu son diplôme en 2013, il fait un stage chez Henrik Vibskov et Raf Simons, mais ne tarde pas à se rendre compte que ce n’est pas dans l’univers de la mode qu’il pourra donner vie à ses conceptions. Inspiré par des films, des BD, des livres et ses expériences personnelles, Rommelaere entreprend de traduire ses idées dans des œuvres visuelles, mais avec le matériel qu’il connaît : l’aiguille et le fil de coton et de laine. ​ 

Le langage visuel de Rommelaere s’ancre à la fois dans sa vie quotidienne et dans la culture pop : les citations de films ou d’animations se mêlent à ses observations et expériences interpersonnelles. Des scènes plus importantes, voire des pièces entières, sont brodées. Avec comme résultat des récits en images aussi étranges que complexes. 

Au début, Rommelaere brodait entièrement ses œuvres lui-même sur la toile, ce qui lui prenait souvent des semaines, voire des mois. À un moment donné, il a donc entamé une collaboration avec un groupe de dames d’un certain âge (les ‘madames’) à Merksem, Roulers et Ingelmunster. Aujourd’hui encore, elles continuent à ​ l’aider pour les points de croix, le crochet ou le tricot.

“La dernière année de mes études, j’ai décidé de tout faire à la main. Non seulement parce que mes préférences vont au travail manuel, mais aussi pour prendre le contrepied du rythme actuel. Tout va si vite que la lenteur du travail manuel est libératrice. Elle a un effet apaisant, et c’est addictif. ​ Le travail manuel et le textile exigent du temps et du savoir-faire. (…) Pour terminer une de mes œuvres, il faut des mois, voire un an. (…) Je pense que c’est un autre type de punk – un doigt d’honneur à une variété d’art contemporain facile et hypermédiatisé.” ​ ​
— Klaas Rommelaere lors d’une interview avec le MoMU, 2018

Texture

Texture est un musée contemporain consacré à l’industrie du lin et du drap. Le lin est une plante intrigante au passé surprenant. Mais il est aussi très actuel. On l’utilise quotidiennement, souvent sans le savoir et à des endroits inattendus. 

Depuis sa réouverture, fin 2014, le musée développe une histoire internationale, avec comme protagonistes des penseurs, des fonceurs et des hommes (et femmes) d’action, mais étroitement liée à l’ADN de la région. Texture combine ce riche passé linier avec la société industrielle d’aujourd’hui. Il en résulte une expérience inspirante sur l’entrepreneuriat et l’expertise (artisanale) dans le secteur du textile. 


Infos pratiques

Klaas Rommelaere
Dark Uncles
3 octobre 2020 - 31 janvier 2021
Texture, musée de la Lys et du lin
www.texturekortrijk.be
Noordstraat 28,
8500 Kortrijk
+32 (0)56 27 74 70 ​
[email protected] 

Horaires d’ouverture
ma - di de 10h à 17h
FERMÉ le lundi 

Tickets ​
GRATUIT < 13 ans, tous les premiers dimanches du mois, pass musées
€ 4 ​ Tarifs de groupe et réduits (min. 15 personnes, 65+, étudiants ... )
€ 6 ​ Visite individuelle
€ 66 Guide


 

 

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