La Tim Van Laere Gallery présente la toute première exposition solo de l’artiste belge Eline Vansteenkiste
10 avril - 17 mai 2025

La Tim Van Laere Gallery a le plaisir de présenter la première exposition solo de l’artiste belge Eline Vansteenkiste (°1991, Gand).
Le travail de Vansteenkiste se situe à la croisée de la construction d'un monde médiéval, de l'imaginaire cartographique, du récit fantastique et de la composition de paysages cinématographiques. S’inspirant des traditions complexes et surréalistes de Hieronymus Bosch et Pieter Bruegel, elle compose des scènes densément peuplées, chaotiques mais maîtrisées, qui reflètent la lutte perpétuelle entre l’ordre et le désordre. À l’instar des vives allégories morales de Bosch, ses tableaux regorgent de créatures grotesques et de paysages fantastiques, servant de métaphores aux tensions qui habitent la psyché humaine, où les forces de la vie et de la mort, de la création et de la destruction, s’entrelacent continuellement. À travers son œuvre, Vansteenkiste donne forme à nos instincts profonds, à la manière dont nous revendiquons notre place dans le monde, à nos peurs et à nos combats.
Avec ses peintures à l’huile de petit format sur panneau de bois, Vansteenkiste capture un monde de paysages fantastiques. Colorées et structurées, ses œuvres dégagent une certaine sérénité tout en conservant une dimension onirique. Elle explore en profondeur le paysage en tant qu’espace à la fois narratif et chargé de poids psychologique. Sa construction du monde rappelle fortement la tradition cartographique du XVIe siècle, notamment les cartes de Gerardus Mercator, où la géographie empirique cohabitait avec des éléments spéculatifs tels que des monstres marins et la mythique Terra Incognita. En parallèle, ses œuvres font écho à la vision médiévale du monde, où les artistes structuraient leurs paysages pour refléter un ordre divin. De manière similaire, Vansteenkiste construit des cosmologies alternatives, plaçant le connu et l’inconnu côte à côte, comme si elle cartographiait les frontières d’un monde imaginaire. À l’instar des marges des cartes médiévales – où des créatures hybrides et des terres mystérieuses étaient dessinées au-delà des limites du familier – ses peintures créent des espaces où réalité et mythe se rencontrent.
Son approche du paysage entre également en résonance avec les compositions panoramiques et atmosphériques de Joachim Patinir. Reconnu comme l’un des pionniers de la peinture de paysage, Patinir a insufflé une profondeur symbolique et narrative à ses vastes terrains stratifiés, traitant la nature non pas comme une simple toile de fond mais comme une force active au sein de la composition. Vansteenkiste s’inscrit dans cette lignée, construisant des topographies vastes et surréalistes où plusieurs perspectives se déploient simultanément, permettant une lecture à la fois microscopique et macroscopique de la scène. Son travail puise également son inspiration dans les compositions tentaculaires de Pieter Bruegel, où l’activité humaine s’imbrique dans le rythme de la nature, ainsi que dans le traitement cinématographique du paysage chez Andreï Tarkovski. À travers ses mouvements de caméra lents et méditatifs, Tarkovski transforme le terrain en un espace psychologique et mythologique (Stalker, Andreï Roublev). À l’instar du cinéaste, les mondes de Vansteenkiste semblent imprégnés de mémoire, d’histoire et d’une étrange intemporalité.
De même, les grandes épopées guerrières de Sergueï Bondartchouk (Waterloo, Guerre et Paix) offrent un parallèle frappant avec les compositions panoramiques de Vansteenkiste, où des batailles d'envergure se déploient dans un foisonnement de détails, orchestrant chaos et ordre en une seule image. Ses paysages fonctionnent souvent comme des longs plans cinématographiques, invitant le regard à parcourir le terrain et à en découvrir les multiples strates narratives, à la manière d’un vaste tableau en perpétuelle révélation. On pourrait comparer cette expérience à celle de la tapisserie de Bayeux, qui tisse également une narration détaillée et continue à travers paysage et action. Cependant, les protagonistes de Vansteenkiste ne sont pas issus de l’Histoire : ce sont des groupes de femmes nues, à la chevelure longue et emmêlée, qui explorent la terre sans crainte des confrontations viscérales avec les animaux, les créatures grotesques et les autres figures humaines qu’elles rencontrent. Elles sont représentées comme des femmes primordiales, errant dans le monde et luttant pour la survie, le pouvoir et la victoire. Leur vulnérabilité, exposée et sans armure, souligne à la fois fragilité et résilience, les reliant aux forces primaires et renforçant leur connexion avec une nature indomptée et le chaos qui l'habite. Ces figures, sans visage et hors du temps, sont aussi des reflets de l’artiste elle-même, qui exprime ses instincts primitifs avec une audace teintée d’humour, d’émerveillement et de détermination.
Eline Vansteenkiste
10 avril - 17 mai 2025
Tim Van Laere Gallery
Jos Smolderenstraat 50
2000 Antwerpen


