La première exposition du célèbre artiste chinois Zhang Enli chez Xavier Hufkens
Xavier Hufkens est heureux d’annoncer la représentation du célèbre artiste chinois Zhang Enli (né en 1965) et son exposition inaugurale à la galerie. Les multiples facettes de sa pratique lyrique et cultivée sont mises en valeur à travers une sélection d’œuvres significatives, occupant les deux espaces de la galerie.
Zhang Enli est un peintre dont l’œuvre a évolué progressivement, passant de l’interprétation visuelle d’objets quotidiens à l’abstraction. Intéressé par la morphologie de la peinture et ses rapports avec l’espace, il travaille à la fois en deux et trois dimensions et crée souvent des œuvres directement sur les murs ou des structures en carton. Ces dernières années, il a réalisé une série d’environnements immersifs in situ, appelés ‘tableaux spatiaux’, qui repoussent les limites de son médium de prédilection. Cette œuvre diverse mais cohérente est cimentée par les thèmes immuables de la mémoire et de l’émotion, que l’artiste explore assidument, à la lumière de son enfance dans la Chine rurale et de la réalité actuelle de sa vie à Shanghai.
L’exposition commence, dans la première galerie, par une vaste peinture murale, qui révèle l’approche spatiale et intuitive de Zhang Enli, tout en servant d’introduction à son style pictural. L’artiste est connu pour sa maîtrise des pigments, qu’il applique en fines couches, à coups de pinceau rapides et fluides. Progressant de section en section, il ajoute au mur des couches semi-transparentes, mais sans jamais autoriser d’accumulation texturale.
Le résultat final, qui semble indissociablement intégré dans la surface architecturale, affiche néanmoins les traces des gestes physiques qui ont présidé à sa création.
Dans les salles voisines, Zhang Enli propose une série de tableaux à l’huile, en contraste dynamique avec la peinture murale. Comme nombre des œuvres abstraites de l’artiste, ces toiles expriment sa fascination pour la perception humaine et le subconscient. Elles se rattachent directement à la mémoire et aux relations fluctuantes entre le passé et le présent. Plus spécifiquement, l’artiste étudie ces moments fugitifs où les vestiges d’impressions, de lieux et d’événements révolus s’insinuent dans le quotidien contemporain. Bien qu’invisibles et insaisissables, ces sensations sont si intensément tangibles qu’il y recourt comme à un tremplin pour ses recherches sur la couleur et la composition. De même que sa vie s’est déroulée entre deux mondes diamétralement opposés – le rural/traditionnel et le citadin/hypermoderne – sa technique est redevable aux conventions artistiques de l’Occident comme de l’Orient. Un monde sépare les coups de pinceau gestuels et l’application mesurée de la peinture, évocateurs de la Chine classique, de l’urbanisme impitoyable du Shanghai du XXe siècle. Il en va de même pour la palette, plus proche du modernisme des débuts du XXe siècle que des couleurs criardes spontanément associées à la frénésie de la métropole actuelle. Cette délicatesse confère aux huiles de Zhang Enli une sorte d’irréalité, comme si elles émanaient d’un temps et d’un lieu très lointains.
Le second espace est dominé par une installation monumentale in situ, construite avec des boîtes en carton peintes. Ces objets caractérisent depuis longtemps la pratique de Zhang Enli, tant comme sujets picturaux que comme composantes d’authentiques structures physiques. Pour l’artiste, les boîtes en carton sont des éléments humbles, amicaux et souvent négligés. Il les utilise pour créer une forme sculpturale, permettant à la peinture de franchir les bornes d’une toile bidimensionnelle. Par ses dimensions et son exécution, ce ‘tableau tridimensionnel’ en kit, aussi ingénieux que sans prétention, constitue, en écho à la verticalité et aux paramètres architecturaux de la galerie, un véritable tour de force.
La série d’‘appartements’ voisine est basée sur des impressions de chambres spartiates successivement occupées par l’artiste dans différents quartiers de Shanghai et à différents stades de sa vie. Elle évoque les notions de transition et d’évolution, tant sur un plan personnel qu’en référence à l’extension météorique de la ville. Le ‘vieux’ Shanghai des années 1990 ayant disparu sous le poids d’une mégalopole futuriste, Zhang Enli renvoie de nouveau à la conjonction et la fusion du passé et du présent. En ce sens, la série des appartements établit une corrélation entre le progrès socio-économique et différents types de logements, ainsi que la lutte pour la survie souvent inséparable de la ville. À partir du chaos de l’étalement urbain, dominé par certains des buildings les plus hauts du monde, elle distille une vacuité sereine, sans le moindre détail ni aucune trace de présence humaine.
Zhang Enli (né en 1965, dans la province de Jilin en Chine) vit et travaille à Shanghai. Il a terminé ses études à l’Arts & Design Institute de la Wuxi Technical University, Chine, en 1989. Parmi ses expositions personnelles : Zhang Enli , K11 Foundation, Shanghai, Chine (2019), Bird Cage, a temporary shelter, Galleria Borghese et L’Uccelliera, Rome, Italie (2019), Gesture and Form, Firstsite, Colchester, Grande-Bretagne (2017) ; Zhang Enli, Moca, Taipei, Taiwan (2015) ; Landscape, Museo d’Arte contemporanea di Villa Croce, Gênes, Italie (2013) ; et Space Painting , ICA, Londres, Grande-Bretagne (2013).
Zhang Enli
6 septembre — 19 octobre 2019
Vernissage : 5 septembre (dans le cadre de la Brussels Gallery Weekend)
Xavier Hufkens
6 & 107 rue St-Georges, 1050 Bruxelles
www.xavierhufkens.com