La galerie Baronian présente une exposition personnelle d'Olivier Mosset

La galerie Baronian présente sa première exposition personnelle de l’artiste helvético-américain Olivier Mosset (né en 1944) à la galerie. Originaire de Berne, en Suisse, il vit et travaille actuellement à Tucson, en Arizona. The Last Cowboy Songs présente une série de ses monochromes sur toile les plus récents – composés de 4 couleurs différentes: vert, violet, gris et beige. 

Considéré comme une des figures centrales de la peinture abstraite d’après-guerre, Olivier Mosset est surtout associé aux oeuvres monochromes et au minimalisme, ainsi qu’à d’autres développements de l’art d’avant-garde, qui ont émergé à la fin des années 1950 et au début des années 1960 aux États-Unis et en Europe, remettant en question les notions d’autorat, d’allusion et d’illusion dans la peinture et la sculpture. Une des constantes de son oeuvre est l’élusivité de la compréhension concrète d’une oeuvre d’art et la futilité de la recherche de finalité dans la définition. Comme il le dit, “… pour moi, l’idée est que les tableaux ne sont que de la peinture”. 

Mosset souligne souvent que ses titres n’ont rien à voir avec les oeuvres elles-mêmes. Cette affirmation semble toutefois remise en cause par l’intitulé de la spectaculaire grille de panneaux qu’il a exposée en 2021 au Musée de Tucson -This is the Last Cowboy Song - qui pourrait bien rappeler son intérêt pour la musique country, né lors de son installation à Tucson, ou simplement reconnaître le passage du temps. 

Ce titre est emprunté à une chanson du même nom écrite en 1980 par William Edwin “Ed” Bruce et Ron Peterson, et interprétée successivement par Willie Nelson et d’autres grands chanteurs de country et western. Si les paroles reprennent la complainte classique de la modernisation et de l’industrialisation de l’Amérique, elles évoquent aussi la nostalgie de la simplicité. Le refrain, d’une profonde mélancolie, constate, “This is the last cowboy song, the end of a hundred-year waltz. Voices sound sad as they’re singing along, another piece of America’s lost” (C’est la dernière chanson de cow-boys, la fin d’une valse de cent ans. Les voix qui chantent sont tristes, voilà un autre morceau de l’Amérique qui se perd). Mais Mosset ne réfléchit ni à sa mortalité ni à un monde en rapide évolution; il pense plutôt au modernisme et au postmodernisme, et à ce que pourrait être l’avenir de l’art. 

Quand on le presse de s’expliquer, pourtant, le côté ludique de Mosset remonte à la surface. “Je ne suis pas sûr qu’Ed Bruce ou Willie Nelson connaissaient (le peintre abstrait) Ad Reinhardt, mais il faut être prudent; Dolly Parton était une amie de Keith Sonnier (le sculpteur). Il y a une autre chanson, “Don’t Let Your Babies Grow Up to Be Cowboys”. De même, peut-être ne devriez-vous pas laisser vos enfants grandir pour devenir des artistes.” 

De la part de Mosset, c’est évidemment une facétie. Lui-même n’a pas laissé son père l’empêcher de suivre sa passion. Au contraire, il a tracé sa propre route, créant des oeuvres ambitieuses et stimulantes, selon les critères de son choix. 

Loin de se laisser inspirer par le titre de cette exposition, The Last Cowboy Songs, ce “titan du monde artistique” ne ralentit pas le rythme. Par cette série d’oeuvre nouvelles, il confirme qu’au vingt-et-unième siècle, sa place n’est pas moins importante qu’au vingtième. 


Olivier Mosset
The Last Cowboy Songs
24 mars - 14 mai 2022
Baronian
Rue Isidore Verheyden 2, ​
1050 Bruxelles


Olivier Mosset

Olivier Mosset (né en 1944, Berne, Suisse) vit et travaille à Tucson, en Arizona (États-Unis). Surtout connu pour ses peintures monochromes et murales à grande échelle, il a également créé des ready-mades, éditions imprimées, installations de glace et décors pour ballets.

Au début des années 1960, Mosset s’établit à Paris et découvre le mouvement artistique du Nouveau Réalisme. En 1966, Jacques Villeglé l’invite à exposer au Salon Comparaisons, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, où il présente un tableau avec deux lettres “A”. Cet événement inaugure une série de petites oeuvres orientées vers une sorte de “degré zéro” de la peinture. Il peint une oeuvre avec un seul chiffre, une autre avec un seul point, et deux tableaux comportant respectivement les mots RIP et THE END, qui, à en croire certains critiques, font écho à la déclaration de décès de la peinture traditionnelle. ​ ​

Mosset rencontre l’artiste conceptuel Daniel Buren et, avec Michel Parmentier et Niele Toroni, ils créent le groupe “BMPT”, trouvant un terrain d’entente dans le rejet de l’autorat et de la primauté de l’art comme objet historique. S’affranchissant de l’expressionnisme abstrait, ils n’ont pas l’intention de contester la validité de la peinture elle-même, à l’instar des Nouveaux Réalistes. Comme le dit Mosset, “Ils considéraient la peinture comme régressive et démodée, ils essayaient de tuer la peinture. Et, avec BMPT, nous ressuscitions la peinture”. 

Pour Mosset, l’intégration de son oeuvre dans le Pavillon suisse à la 44e Biennale de Venise en 1990 constitue la reconnaissance suprême. Selon le philosophe français Jean Baudrillard, les oeuvres de Mosset font référence à la primauté de l’objet sur la représentation, à l’appropriation comme stratégie de démystification de l’autorat, et au monochrome comme approche visant à éliminer toute signification de la peinture elle-même. S’écartant des sentiers battus, Mosset explique, “pour ma part, je reviendrai toujours aux concepts élaborés par Greenberg: toute peinture réalisée d’une manière juste contient une dimension critique, tant envers elle-même qu’envers le système et le marché de l’art”. Au fil du temps, en affichant sa préférence pour l’objet en soi par rapport au contenu, implicite ou non, Mosset a maintenu une trajectoire constante qui est toujours d’actualité. 

Au cours des cinquante dernières années, Mosset a exposé dans le monde entier. Il a de nombreuses expositions personnelles à son actif, notamment au Tucson Museum of Art, Arizona (2021); à la Jean-Paul Najar Foundation, Dubai (2017); à doART Beijing (2008); au Palais de Tokyo, Paris (2006); au Musée d’art contemporain MAMCO, Genève (1996); et à la 44e Biennale de Venise, Pavillon suisse (1990). Ses principales expositions collectives et biennales sont Manifesta 10, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg (2014); l’Académie de France à Rome, Villa Médicis (2014); The Kitchen et les Services culturels de l’Ambassade de France, New York (2013); le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2010); la Biennale Whitney au Whitney Museum of American Art, New York (2008).


Sources : ​
Julie Sasse, Olivier Mosset, Tucson Museum of Art, Tucson, exhibition catalogue, 14 October 2021-27 February 2022, pp.11-35. 


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