Fin et début : une exposition collective à iMAL

​7 novembre 2024 - 16 février 2025

iMAL présente Fin et début, une exposition collective ambitieuse et pionnière qui explore des systèmes de soins alternatifs pour la coexistence future de l’être humain, la nature et la technologie. L'exposition marque également le 25e anniversaire de l’Art Center for digital cultures & technology (iMAL) à Bruxelles.

C’est aussi la première exposition collective d’iMAL comme membre de la European Media Art Platform (EMAP), une organisation qui permet aux organismes et artistes européens d’art médiatique de collaborer à des projets. ​ 

Dans son poème Fin et début, la lauréate polonaise du Prix Nobel Wisława Szymborska décrit un paysage saccagé et dévasté au lendemain d’une guerre, tissant un récit de résilience, de réflexion et d’espoir. ​ Inspiré par la pensée de Wislawa Szymborska sur l’effondrement des idéologies, la fuite inexorable du temps et de l’histoire, et le déclin irréversible du passé et de tout ce qui s’y rapporte, iMAL se demande : À quoi ressemblerait un avenir basé sur l’empathie et le soin collectif ? 

L’exposition, conçue comme un récit sur le soin, se déploie en trois cercles interconnectés : Soin aux personnes, Soin à la nature et Soin à la technologie. À travers 14 oeuvres différentes d’artistes internationaux de la European Media Art Platform (EMAP) et de 3 créateurs établis en Belgique, elle aborde des questions critiques sur la responsabilité collective et individuelle, la collaboration entre espèces et l’empathie pour les êtres humains et les entités non humaines. 

Fin et début ébranle la certitude de longue date de la supériorité humaine et redéfinit le soin comme une structure écologique et relationnelle qui rétablit l’équilibre dans l’existence partagée entre les entités humaines et non humaines. En embrassant et reconnaissant des perspectives alternatives – qu’elles soient humaines, artificielles, naturelles ou imaginatives – l’exposition évoque un avenir moins extractif, destructeur et inégal. Ici, comme l’écrit James Bridle dans Toutes les intelligences du monde (Ways of Being), “tout est intelligent et mérite notre soin et notre vigilance”.

Les oeuvres des artistes invitent à la réflexion sur les infrastructures sociales comme le travail, les pratiques communautaires, la consommation d’énergie et le recyclage des ressources. Elles stimulent les questions et discussions critiques et offrent différentes perspectives sur notre avenir commun en matière de soin. Dans notre monde toujours plus numérisé et dirigé par la technologie, ce sont les artistes qui, aux côtés des scientifiques et des programmeurs, créent des visions alternatives pour une société plus durable et plus juste. 

Voici quelques-uns des thèmes abordés dans cette exposition et les oeuvres présentées : 

  • les influences de l’IA sur les moments de désir 
  • l’impact potentiel de la technologie sur la perception humaine 
  • l’expérience quotidienne des microtravailleurs en ligne, originaires du Sud, qui annotent des images pour les voitures autonomes 
  • les conséquences possibles de l’IA pour notre identité 
  • l’évolution future de la flore sous l’influence des changements climatiques 
  • les déchets matériels qui subsistent après des générations de technologie de reproduction sonore résolutive ​ 

Ainsi, l’installation à médiums mixtes Stalactite de Vivien Roubaud réfléchit à la collaboration entre l’intervention humaine et les phénomènes naturels et nous encourage à revisiter notre perception des déchets et des matériaux qui nous entourent. Vivien Roubaud a prélevé des stalactites à base de calcaire dans des bâtiments abandonnés à Charleroi et sous le canal de Bruxelles et leur a donné une seconde vie. Ses sculptures dépassent le simple recyclage de déchets; elles comportent des systèmes autonomes et respirants, dans le but de révéler les qualités cachées des objets de notre vie quotidienne. 

Fin et début n’est pas seulement une exploration du présent, mais aussi une démarche audacieuse visant à imaginer les possibilités infinies de notre avenir commun. Cette quête interne d’avenirs durables et symbiotiques prend vie dans le célèbre jeu philosophique interactif d’Alex Verhaest Ad Hominem, un film-dont-vous-êtes-le-héros, où le joueur interprète le rôle de Change et est invité à construire son propre avenir utopique. Fin et début est une invitation à entrer en contact avec les voix et les intelligences sous-représentées, qui façonneront les écosystèmes de demain, et un appel à repenser la signification du soin à une époque où les frontières entre l’être humain, la nature et la technologie deviennent de plus en plus floues. 


Fin et début
​7 novembre 2024 - 16 février 2025
​iMAL
Commissaire : Ismini Kyritsis & l'équipe d'iMAL
Dans le cadre de EMAP, European Media Art Platform
Artistes:

  • Annelie Berner
  • Johanna Bruckner
  • Nicolas Gourault
  • Darsha Hewitt
  • Dasha Ilina
  • Rosa Menkman
  • Vivien Roubaud
  • Caroline Sinders (en collaboration avec Trammell Hudson)
  • Studio Above & Below
  • Endi Tupja (en collaboration avec Klodianna Millona)
  • T(n)C
  • Total Refusal
  • Ava Zevop
  • Alex Verhaest

FIN ET DÉBUT —Wisława Szymborska

Après chacune des guerres
il faut bien nettoyer.

Un peu d’ordre dans tout ça
ne se fera pas tout seul.

Quelqu’un doit bien écarter
les gravats qui encombrent les routes,
sinon, comment passeraient
les charrettes pleines de cadavres.

Quelqu’un devra patauger dans
la fange et les cendres
les ressorts des divans
les débris de verre
les haillons sanglants.

Quelqu’un doit traîner la poutre
qui calera le mur.

Quelqu’un doit remplacer
et regonder la porte.

C’est pas photogénique,
et ça prend des années.

Toutes les caméras sont déjà
parties voir une autre guerre.

Il faut des ponts encore,
et des gares à nouveau.

Les manches seront en lambeaux,
tant on les retroussera.

Quelqu’un, balai à la main,
se souvient comment c’était.

Un autre écoute, en hochant
la tête, toujours à sa place.

Mais près de ces deux-là
tournent déjà quelques autres
que ces histoires embêtent.

Parfois encore quelqu’un
déterre sous un buisson
de vieux arguments rouillés,
qu’il jette sur le tas d’ordures.

Ceux qui sont au courant
du pourquoi du comment
céderont bientôt la place
à ceux qui en savent peu.

Puis à ceux qui en savent prou.

Et enfin, rien du tout.

Dans l’herbe qui a poussé
sur les causes et sur les effets
il faut entendre quelqu’un qui se couche
un épi entre les dents
à regarder les nuages.

FIN ET DÉBUT —Wisława Szymborska

In De la mort sans exagérer, © Poésie/Gallimard, 2018 – Traduction du polonais par Piotr Kaminski.

Repris in Sœurs #8 – Guerre, 2022


À propos d’iMAL

iMAL est une organisation culturelle établie sur le canal de Bruxelles à Molenbeek, Bruxelles, et combinant les rôles de Centre d’arts et de Laboratoire. À l’approche de son 25e anniversaire, iMAL lance une réflexion sociale plus large sur la résilience et la résistance à la définition dominante du progrès et encourage la responsabilité de promouvoir la solidarité. iMAL soutient les pratiques artistiques qui entretiennent un dialogue critique avec les technologies numériques. L’organisation propose une approche pluridisciplinaire et transdisciplinaire des questions contemporaines à travers un programme complexe d’expositions, de résidences de recherche et de production, de formation et de réflexion, en mettant l’accent sur la participation du public. 

En plus de ses salles d’exposition, iMAL dispose dans ses locaux d’un atelier équipé de machines numériques : le Fablab. ​ Année après année, cet espace accueille en continu des résidences d’artistes et de chercheurs belges et internationaux. En plus de cette fonction particulière, le Fablab est accessible au public : par des appels ouverts, des ateliers spécifiques, des visites guidées et des visites scolaires, il s’efforce de mettre la technologie à la portée de toutes et tous, sans distinction. 

Au cours des prochaines années, iMAL veut étudier la décélération et la décroissance de l’informatique et souligner l’importance des écosystèmes de production régénératifs. 


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