EUROPALIA ESPAÑA place Bruxelles pendant cinq jours sous le signe du flamenco
Du 26 au 30 novembre, EUROPALIA ESPAÑA présente à Bruxelles un focus flamenco, avec Bozar comme point de rencontre central. Cinco Días. Flamenco antes y después del flamenco est un programme exceptionnel de cinq jours, conçu par Pedro G. Romero – artiste, chercheur, écrivain et l’un des penseurs les plus influents de la scène flamenco contemporaine, qui a collaboré notamment avec Rosalía et Niño de Elche.
À travers des spectacles, performances, films, conférences et interventions disséminés dans toute la ville, Pedro G. Romero nous invite à explorer les multiples histoires et futurs possibles du flamenco.
Le flamenco est souvent décrit comme l’une des expressions les plus puissantes de l’identité espagnole, une forme de musique et de danse si intense qu’elle semble jaillir directement de l’âme de la nation. Mais son histoire est en réalité bien plus complexe : une histoire de migrations, de contradictions et de réinventions constantes.
Depuis sa vision singulière, Romero convie le public à (re)découvrir le flamenco, non pas comme un symbole figé de l’identité espagnole, mais comme un art vivant, migratoire et en perpétuelle transformation.
À travers des spectacles, performances, films, conférences et interventions dans tout Bruxelles, Pedro G. Romero nous invite à découvrir les nombreuses histoires et les multiples devenirs du flamenco.
Trois temps forts traversent le programme comme un fil rouge :
- 27 novembre : la nocturne Bozar all over the P(a)lace, où musique, performances et projections se rencontrent. Tandis que l’exposition EUROPALIA consacrée à Francisco Goya reste ouverte jusqu’en fin de soirée, Bozar vibre au rythme des performances live de Luz Arcas, Úrsula López, Leonor, ainsi que de DJ sets signés Romero lui-même, aux côtés d’artistes tels que Moises Alcántara, Pedro de La Mugre, Isabel do Diego, Perrate & Za et Niño de Elche & Arto Lindsay.
- 26–29 novembre : un festival audacieux mêlant danse et musique, reliant tradition et avant-garde. Le dimanche 29 novembre, un spectacle exceptionnel voit les prestigieuses compagnies Ballet Flamenco de Andalucía et Compañía Úrsula López unir leurs forces pour réinventer El Maleficio de la Mariposa (1920), l’œuvre totale du poète espagnol Federico García Lorca.
- Des interventions artistiques au cœur de l’exposition Luz y sombra. Goya et le réalisme espagnol (visible jusqu’au 11 janvier 2026).
Le titre même — Cinco Días. Flamenco antes y después del flamenco — suggère que le programme ne se limite pas aux formes « traditionnelles » (souvent considérées à tort comme anciennes, alors que beaucoup datent du milieu du XXᵉ siècle), mais embrasse également les variantes plus expérimentales.
Le programme imaginé par Romero couvre un spectre très large : de la musique du XVIᵉ siècle au noise expérimental, des bailaoras traditionnelles aux chorégraphes radicalement contemporains. Ce parcours déconstruit la généalogie linéaire du flamenco pour ouvrir la voie à une véritable constellation d’influences. Cette ouverture, Romero tente de l’incarner dans la programmation : Inés Bacán chantera aussi bien pour Carmen Ledesma, longtemps considérée comme une maîtresse de la tradition, que pour Luz Arcas, chorégraphe résolument contemporaine.
Bruxelles possède d’ailleurs sa propre histoire flamenco — dans les migrants espagnols qui, dans les années 1960, y enregistrèrent des dizaines d’albums de flamenco, et dans les échos de la vie andalouse encore perceptibles autour du marché aux puces.
Avec ce programme, Romero espère reconnecter la ville à cet héritage multiple et transnational. Il renvoie aux descriptions d’Emile Verhaeren dans La España negra (L’Espagne noire) et aux portraits de la classe ouvrière par Constantin Meunier, qui influencèrent le regard européen sur le flamenco. Il souligne que Café del Burrero de Meunier constitue un rare témoignage de la présence d’Afro-Américains dans les premières scènes flamencas.
Même le mot flamenco, dont une racine étymologique renvoie à flamand, raconte une histoire de glissements et de réinventions. « Si vous essayez de le comprendre étymologiquement, votre tête se met à tourner », observe Romero. « Mais si vous le voyez comme un produit d’argot, de contamination et de langage populaire, tout devient plus clair : un mot qui, comme l’art lui-même, n’a cessé au fil du temps de se déconstruire et de se reconstruire. »
À propos de Pedro G. Romero
Pedro G. Romero est né à Aracena en 1964. Artiste, écrivain, cinéaste et l’un des penseurs les plus originaux du flamenco, il n’a cessé d’en repousser les frontières. Ses collaborations — d’Israel Galván et Rocío Molina à Rosalía et Niño de Elche — ont continuellement mis au défi les limites de cette forme artistique.
Pour lui, le flamenco est un espace où la contradiction occupe une place centrale. « Sans paradoxe, dit-il, le flamenco ne serait rien. » L’approche de Romero commence par la remise en question de l’idée selon laquelle le flamenco serait une tradition statique ou purement espagnole.
« Cela reste en grande partie quelque chose d’inconnu, que les gens ne reconnaissent pas totalement comme leur appartenant », observe-t-il. « Il a été déplacé tant de fois — associé à l’Andalousie, aux communautés roms, à l’héritage arabe et africain. »
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